Depuis que la malédiction avait été rompue, je connaissais la véritable identité de celle dont j'avais hérité comme mère. Ce qui n'était apparemment pas le cas de cette dernière qui pensait sûrement que j'étais le parfait stéréotype de la pimbêche humaine, du genre à publier "fume avant que la vie te fume" comme statut facebook. Cela avait un certain aspect rabaissant, mais d'un autre côté, c'était la porte ouverte à de nombreuses opportunités...
Héra laissait souvent trainer ses affaires à la maison, et j'étais une professionnelle dans l'art de la fouine -la ville entière pouvait en témoigner, quand je voulais savoir quelque chose, il était difficile de s'y opposer. Il ne m'avait donc pas fallut longtemps pour dénicher le nom et l'adresse de son psychologue, ça sentait le nid à ragots à plein nez et j'adorais cette odeur ! Je sortis de la maison, des lunettes de soleil en forme de cœurs roses posées sur le nez et un sac à main Georgio Armani assortit se balançant au bout du bras. La tenue parfaite pour une déesse de l'amour canon.
J'avais dû faire venir le chauffeur de Papa car Héra était aussi ingrate qu’horripilante et j'aurais préféré être défigurée qu'avoir à lui demander un service.
Je descendis donc à l'adresse indiquée sur la carte de visite, les sourcils si froncés qu'ils en venaient même à disparaître sous les verres opaques des lunettes. Je fis signe au chauffeur de m'attendre là, si je comptais sur mon charme, les secrets pleuvraient bientôt sur ma tête comme des paillettes lors d'un anniversaire de gamine pourrie gâtée. Je grimpai les marches avec difficulté, sûrement à cause
des louboutins à six-cent euros que je refusais de retirer, davantage par fierté que par réelle envie. Quand j'eus enfin terminée mon ascension, je fis face à une porte où il était inscrit en lettres d'or "Docteur Ingham". Je toquai doucement en prenant soin de ne pas abimer ma manucure et passai une main dans mes cheveux, attendant patiemment -mais pas trop non plus- que notre cher docteur se donne la peine d'ouvrir. Ce qui ne tarda pas à arriver, je pus alors découvrir une petite pièce à l'odeur particulièrement infecte qui me donna la nausée. Ni une, ni deux, je m’engouffrai dans la salle aux relents de tristesse pathétique, et peu importe si un patient était déjà en train de raconter sa vie pitoyable. Les intentions qui m'animaient étaient bien plus sombres et intrigantes que le problème merdique de monsieur tout le monde.
-Rosalie Swan. Mais vous le saviez déjà, me présentai-je brièvement en m'installant sur le divan sans ôter mes lunettes.
Malgré les mots employés, il y avait de la chaleur dans mes paroles et le petit cabinet ne tarderait pas à brûler sous l'effet que j'avais sur les hommes.
Le loup était entré dans la bergerie. Et il allait faire un massacre.
