Esmé L. Ingham

   « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, d'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime »

PSYCHOLOGICAL CONFESSIONS

Ce qu'on peut dire pour sûr d'Esmé, c'est qu'il ne s'est jamais vraiment soucié de rien. S'inquiéter n'est tout simplement pas dans sa nature. Il laisse la plus grande partie de sa vie filer sous ses pieds et le porter où bon lui semble. Après tout, à quoi bon se débattre plus que ça ? Le destin est tracé bien à l'avance, Morphée le sait et ne s'y méprend pas. Il semble évident que ce trait de caractère à tendance à impacter de manière assez importante les relations qu'il parvient à tisser. Qui voudrait d'un ami, d'un amour qui donne l'impression de n'en avoir absolument rien à faire ? Ce n'est pas qu'Esmé est fondamentalement une mauvaise personne, loin de là. Il est du genre sympatique et chaleureux au premier abord, taquin et enjoué, sensible aux besoins de ses interlocuteurs. Mais le long terme ne lui réussit pas, prendre des nouvelles de lui paraîtra jamais naturel. Pourtant, doué avec les mots, et particulièrement pour donner aux autres exactement ce qu'ils ont envie d'entendre comme ils ont envie de l'entendre et s'adapter instantanément à chacun, il aurait pu se créer assez facilement une petite popularité confortable. Il a développé ce côté de lui un peu voyeur, qui se délecte de connaitre chaque recoin des envies et aspirations des gens et qui apprécie surtout de le vivre de loin, sans ressentir le besoin de s'impliquer.
D'un autre côté, quelques sujets provoquent chez Esmé des réactions étonnement passionnées. Sans qu'on ne sache trop pourquoi, certains projets en viennent même à l'obséder pour un temps, jusqu'à qu'il les ait terminés et qu'il puisse retourner dans sa transe lascive habituelle. Il chérit généralement particulièrement la créativité et l'ambition. Les artistes et ceux qui veulent changer le monde titillent bien plus facilement son intérêt, même s'ils n'en sont encore qu'à construire des plans seuls avec leurs esprits dans leurs canapés comme il l'a bien souvent fait lui-même. Il porte de plus un amour farouche à la liberté, comptant bien vivre uniquement pour sa propre personne, et une tendresse nette aux humains, qu'il trouve globalement plus profonds et intéressants que les diverses divinités. Après tout, le manque de pouvoirs dévastateurs rend les gens bien plus calmes et bien moins susceptibles à estimer que tout leur est dû. Et ça, Morphée peut l'apprécier.

STORYLINE OF THE CHARACTER

Naître au sein de l'immense peuple que formaient les différents dieux grecs pouvait s'avérer aussi bien une chance qu'une presque malédiction. Spécialement lorsqu'on avait pas eu l'opportunité de se joindre au cercle très fermé des dieux principaux. Oh, il fallait avouer que ce détail n'avait pas toujours dérangé Morphée. Il vivait plutôt bien, sur l'île de son père le Sommeil, entouré majoritairement des autres Oneiroi, jouant de temps en temps à interférer avec le sommeil des humains, et surtout bien éloigné des constantes querelles agitant l'Olympe. Contrairement à la plupart des enfants de Nyx, Morphée était plutôt du genre calme. Malheureusement, tout comme la plupart des enfants de Nyx, il avait aussi un rôle majeur dans la vie quotidienne des mortels. Ce qui en faisait un serviteur priviligié des divers olympiens. Un guerrier démotivé par là, une idée à glisser subtilement à l'oreille d'un roi par ci, et Morphée était à l'autre bout de la ligne. Et c'est cet aspect là qui a évidemment fini par lui déplaire. Messager des dieux, mon cul. Bien sûr, il aurait pu refuser, personne n'était jamais obligé de rien. Mais les compensations étaient toujours plutôt alléchantes, il faut dire qu'ils savaient y faire. Et puis, il ne s'agissait pas de se mettre à dos la moitié de l'Olympe. Oui, ses illusions étaient importantes. Non, elles ne l'étaient pas assez pour tenir tête à plus d'une dizaine de dieux mécontents. Alors il se débrouillait pour faire vite et bien le travail que l'on lui demandait, avant de retourner vivre au calme sur son propre petit coin de champs Elysées. Plus que parfois, il lui arrivait de laisser s'écouler la frustration que lui causait les autres dieux en s'intéressant de près à leur meilleurs clones, donnant aux humains des visions qui leur offraient un petit instant de liberté ou des secrets les promettant à construire de grandes choses. Et même si cette habitude lui avait valu de se faire jeter hors des petits papiers de Zeus, eh bien oh, qu'il en reste ainsi. Le vieux n'aimait de toute façon pas grand monde et le sentiment était souvent bien réciproque.  

C'est bien pour ça que lorsque la malédiction s'est abattue sur tous, Morphée aurait bien aimé pouvoir partager un "Prévisible" blasé avec ses pairs. Mais Morphée n'était plus Morphée et Esmé, bien qu'ayant des rêves trop plein la tête et des étoiles trop plein les yeux, était loin de se préoccuper des boulversements que pouvait créer un dieu grec oublié. En fait, tout ce qui hantait son esprit c'était le lancement officiel de sa carrière de psychologue, dans le petit - mais qui au moins serait sien - cabinet qu'il avait pu dénicher à Star Fall. Bon, "cabinet", il avouait que c'était un bien grand mot. Deux minuscules pièces à deux pas de son minuscule appartement. Mais bien plus que ce qu'il aurait jamais osé imaginer. C'était à ce moment de l'histoire que le dieu avait attrapé le train de la vie de son nouveau lui, quelques souvenirs là pour lui permettre de se mettre à jour, mais rien d'une existence palpitante. Une enfance tranquille dans une famille sage, quelques relations volatiles qu'il n'avait pas su, ni sûrement voulu, maintenir et une étonnante implication dans des études bien trop longues qui avaient cependant bien heureusement portées leurs fruits. Esmé était persuadé que toute sa vie restait à écrire, et il comptait bien sur Star Fall pour l'y aider. Si les premiers mois furent compliqués, il s'avéra rapidement qu'Esmé avait une sensibilité aux aspirations de chacun qui était loin d'être négligeable et une capacité d'écoute suffisante pour se créer une certaine clientèle. Ce n'était pas si surprenant au fond, l'intimité des gens avait toujours été son secteur. Et une fois le stress de se planter magistralement, il allait enfin pouvoir commencer à apprécier sa nouvelle ville et découvrir tout ce qu'elle avait à offrir.
En réalité, il s'était à peine motivé  à enfin s'atteler sérieusement à développer ses connaissances hors de ses habituels clients et concierge que tout avait de nouveau été chamboulé. Enfin, pas tout. Il était cette fois toujours Esmé, dans le corps d'Esmé, avec les envies d'Esmé et les passions d'Esmé. Seulement quelques souvenirs divins en plus et quelques grains de magie au bout des doigts. Et si Morphée était heureux de se retrouver, il avouait volontiers que rien dans sa vie de dieu ne lui manquait vraiment. Son île calme ne valait pas toutes les choses intéressantes qu'il pourrait vivre en tant qu'Homme. Les autres dieux était exécrables en comparaison avec les habitants de Star Fall. Le boulot de psy lui convenait tout aussi bien que ses anciennes occupations, et au moins, il n'avait de comptes à rendre qu'à lui-même. La seule chose qui restait sans équivalent terrestre était la présence de ses ailes et d'accord, il aurait apprécié les récupérer. Mais tant qu'il n'avait aucun moyen d'atteindre ce but, la conclusion était nette. Il n'avait qu'à continuer à agir comme si de rien était, en espérant de tout son être que les autres divinités n'allaient cette fois pas se remettre à renverser le monde.